Le Brésil pleure son héros... Le monde entier aussi.



Trois jours de deuil national furent décrétés et son enterrement digne de celui d'un chef d'état : plus de 2 millions de fans désemparés assistèrent au retour du corps avant l'inhumation au cimetière du Morumbi de Sao Paulo.

Afin de lui dire un dernier adieu, les Brésiliens ont accompagné le cercueil d’Ayrton Senna, dont le corps avait été rapatrié depuis Paris jusqu’au Brésil dans la nuit de mercredi à jeudi. Des Paulistes par milliers, mais aussi des millions de personnes dans tout le pays, ont célébré le deuil du triple champion du monde, devenu héros national. En Australie, un service religieux a été célébré à la mémoire d’Ayrton Senna et de Roland Ratzenberger sur le circuit d’Adélaïde, où les drapeaux brésiliens et autrichiens ont été mis en berne.



A Sao Paulo, sur les 45 kilomètres qui séparent l’aéroport du centre-ville, des centaines de milliers de personnes se sont pressées autour du camion de pompiers tenant lieu de corbillard, en voiture, en vélo, voire en courant. Tandis que les sirènes hurlaient, les confettis pleuvaient depuis les immeubles et les tours qui longeaient le parcours du cortège. Recouvert du drapeau national, le corbillard était ensuite exposé devant la Fondation de la renaissance, une secte évanlégique dont Senna était membre. Avant que la cérémonie des obsèques ait eu lieu, plus de deux cent mille personnes ont défilé, sur une file d’attente de sept kilomètres, afin de rendre un dernier hommage à celui qui avait été désigné sous le nom de «Magic» dans le paddock de la F1.



Pour accompagner la famille d’Ayrton au cimetière, plusieurs pilotes ont assisté à l’enterrement, où Bernie Ecclestone, vice-président de la FIA et président de la FOCA (association des constructeurs de F1) a été déclaré persona non grata par les proches du pilote tué à Imola. "Ce monsieur n’est pas le bienvenu", a fait savoir hier sa famille. Le Brésilien Emerson Fittipaldi, champion du monde en 1972 et 1974, Alain Prost, l’Autrichien Gerhard Berger, le Belge Thierry Boutsen - très lié avec Senna -, l’Anglais Derek Warwick, ainsi que des dirigeants d’écurie, Frank Williams (Williams-Renault) ou Ron Dennis (McLaren-Peugeot), étaient présents au cimetière.

Après avoir décrété trois jours de deuil national, le président de la République, Itamar Franco, a assisté aux obsèques et a décoré Ayrton Senna, à titre posthume, de la grand-croix du mérite, l’une des plus importantes distinctions du pays. Le champion symbolisait dans son pays la réussite. «Senna était la seule personne qui nous rendait fiers d’être Brésiliens», pouvait-on lire dans le quotidien Jornal do Brasil. «Il nous donnait de la dignité, et, de le voir courir nous procurait un soulagement après toute la corruption, la misère et la pauvreté qui nous entourent.»



Sa tombe est désormais devenue un lieu de procession sur lequel se recueillent de nombreux fans, locaux comme étrangers.