Monaco 1984
Senna arriva à la deuxième place d'un Grand Prix arrêté à 31 tours en raison de la pluie, mais il remporta tout de même une sorte de victoire. Prost gagna -le Français aurait préféré terminer deuxième d'une course avec pleine attribution des points, ce qui lui aurait permis d'être champion du monde. Senna était furieux de l'interruption du Grand Prix et, au Brésil, c'était déjà la révolution. Néanmoins, Ayrton conquit ce jour-là le droit d'être connu (et reconnu) comme le vrai futur champion de la F1. Ce qu'il devint.
Paul Ricard 1986
Senna se reprocha la mort de Elio De Angelis :
''Quand nous étions chez Lotus, il était mon ennemi, mais je savais quel garçon sympathique il était". Ce jour-là, Senna effectuait lui aussi des essais privés et, sa voiture ne fonctionnant pas bien, il fit un tour au ralenti et eut le temps de remarquer qu'il n'y avait aucun commissaire, ni aucun véhicule de sécurité dans les S de la Verrerie. Il voulut donner l'alerte au bureau de piste du circuit mais, repris par les problèmes de sa voiture, il n'y pensa plus lorsqu'il mit pied à terre. De Angelis sortit de la piste quelques minutes plus tard, et Senna pensa que, s'il y avait eu des commissaires sur place, Elio aurait été sauvé...
Etats-Unis 1986
A cette époque, les liaisons radio fonctionnaient mal entre les voitures et le personnel de l'écurie au bord de la piste pendant les courses. Aussi, avant les changements de pneus, Senna disposait d'un code secret avec son équipe pour qu'elle prépare les gommes adéquates : il se frappait l'épaule, il tapait sur son casque, faisait un geste du pouce, bref, autant de signes cabalistiques. Il était en tête, il fit le geste convenu en passant devant le stand Lotus, mais ce qui ni lui ni Gérard Ducarouge, son ingénieur, n'avaient prévu, c'était comment faire en cas de changement d'opinion. Ce qui venait précisément de se passer : Senna s'était trompé. Ce n'était pas la bonne combinaison qu'il avait indiqué à Ducarouge. Il avisa alors une caméra retransmettant la course en direct, et se dit que peut-être elle le fixait puisqu'il était en tête de la course. Il fit le signe convenu pour indiquer son nouveau choix. Et lorsqu'il rentra aux stands les bons pneus étaient prêts.
Espagne 1986
Senna remporta ce jour-là sa troisième victoire en Grands Prix. Avec 14 millièmes de seconde d'avance sur Mansell. En vue de la ligne d'arrivée, Mansell, avec des pneus frais, cravachait au point que, dans l'avant dernier virage, il poussa Senna à la faute. Celui-ci rattrapa un magistral survirage, et les deux pilotes entrèrent au coude à coude dans la dernière épingle avant la ligne d'arrivée. N'importe qui à la place de Senna, qui possédait encore un mètre d'avantage, aurait serré Mansell. Ayrton, lui, laissa la place toute grande à son rival : Mansell se rua à l'assaut mais perdit d'un souffle.
Allemagne 1987
Ayrton croisa Frank Williams dans le paddock et l'interpella : "Alors, Frank, quand m'engageras-tu dans ton équipe pour avoir le moteur Honda. - Mais, j'ai déjà le moteur Honda... - Non. Tu crois l'avoir, mais tu ne l'as pas encore. C'est McLaren qui l'aura en 1988... et Lotus, si je reste chez Lotus. Ou toi : si tu m'engages". Début septembre, Honda annonçait qu'il se séparait de Williams pour motoriser les McLaren, et qu'il continuait d'équiper les Lotus.
Japon 1988
Senna devait gagner ce Grand Prix pour être champion du monde et éviter d'avoir à attendre l'échéance de l'Australie, quinze jours plus tard, ce qui n'aurait fait qu'accroître la pression sur ses épaules, en même temps que la tension déjà palpable chez McLaren-Honda. Il n'avait rien négligé, il avait préparé sa course dans les moindres détails, tant du point de vue du moteur
puisque Osamu Goto, le chef motoriste de Honda s'était personnellement occupé de lui, que du point de vue du châssis pour lequel Prost effectuait ses réglages traditionnels, seyants très bien à Ayrton puisque les deux hommes avaient des points communs en ce domaine, entre autre une manière de piloter très pointue. Seulement voilà : au feu vert, et alors qu'il était en pôle position, Ayrton resta cloué sur son emplacement. Un véritable miracle que l'ensemble de la grille ait pu l'éviter alors qu'il démarrait péniblement pour être pointé en quinzième position au premier virage. Il n'y avait qu'une solution pour le Brésilien : entamer la remontée du siècle. Et il reçut pour ce faire une aide du ciel, une aide à double tranchant qui pouvait aussi bien lui apporter la victoire que l'expédier directement dans le rail sans autre forme de procès : trois averses suffisantes pour jeter en déroute une bonne partie de peloton. Mais Senna, sous la pluie, c'était du grand art. De son côté également, la McLaren de Prost, son équipier qui caracolait en tête, allait l'aider : boîte de vitesses souffreteuse, Alain semblait de temps en temps faire du surplace lors des changements de rapports. A mi-course, Senna était devant, mais en vue de la ligne d'arrivée, il se mit à pleuvoir pour la troisième fois : le pilote brésilien faisait des gestes désespérés vers la direction de course pour qu'elle mette fin à son supplice. Rien à faire. Il parvint néanmoins à conserver sa voiture sur la route, et il fut sacré champion du monde. Mais la tension avait été telle que la joie de Senna se manifesta par des larmes. Le lendemain seulement, il se souvint qu'il avait enfin gagné le titre mondial.
Brésil 1989
Senna avait ce jour-là tous les atouts en main pour gagner car sa voiture, la McLaren-Honda, était de loin la plus rapide comme l'avait démontré sa pôle position. Mais au feu vert, Ayrton n'en profita pas. Mal parti, il s'accrocha avec Berger au premier virage : l'un de ces cartons de départ qui ressemblent toujours à une explosion. On reprocha à Senna de n'avoir pas cédé à Berger : avec la meilleure voiture, il n'avait qu'à temporiser et il aurait gagné. Senna perdit donc cette course mais gagna une réputation : on savait désormais qu'il ne cédait jamais. Aussi, sur les circuits où les dépassements ne sont pas aisés, le casque jaune et vert parvenait toujours à se frayer un chemin beaucoup plus rapidement que les autres.
Espagne 1990
Quelques minutes avant la fin de la première séance de qualifications, Martin Donnelly sortit extrêmement violemment de la piste. Il fut transporté dans un état critique à l'hôpital. Dans le plus grand secret, Senna lui rendit visite le vendredi soir et le samedi soir. Pour savoir si son infortuné camarade était traité comme il fallait, pour prodiguer des encouragements à ses proches. On eut connaissance de ce geste bien des mois après l'accident du pauvre Martin.
Brésil 1991
C'était la huitième fois que Senna disputait le Grand Prix du Brésil, "son" Grand Prix, et ce n'est pas un vain mot lorsque l'on connaît le patriotisme des Brésiliens, exacerbé chez Senna. D'autant qu'on était à Sao Paulo, et que le Pauliste avait déjà manqué son coup l'an passé alors qu'il était en tête et qu'une mésentente avec Satoru Nakajima l'avait privé d'une victoire. Quelle mésaventure allait cette fois lui arriver ? Aucune : il était en tête après avoir démarré de la pôle position lorsque soudain tout bascula.
La McLaren-Honda perdait peu à peu de sa superbe, sa boîte de vitesses faisait les pires difficultés à Ayrton qui fut contraint de terminer sur le sixième rapport alors que Mansell reprenait plus de 4 secondes au tour. Le Britannique partît finalement en tête à queue, mais Ayrton n'en avait pas fini pour autant : la tension avait été telle à bord de la McLaren que soudain, alors que la pluie se mettait à tomber, il ressentit l'ensemble de ses muscles tétanisés. Et c'est en hurlant de joie mais aussi de douleur qu'il passa la ligne d'arrivée, gagnant enfin au Brésil.
Europe 1993
Sous la pluie, Senna déborda un à un ses concurrents dans le seul premier tour. Il était quatrième sur la grille, cinquième au premier virage. Il dépassa Schumacher, fit l'extérieur à Wendlinger dans les redoutables S avant le pont, plaça une manœuvre imparable sur Hill au freinage des Esses, et piqua Prost à l'épingle de Melbourne. Le sort du Grand Prix qui se déroulait à Donington était scellé.
Brésil 1994
Ce n'est pas une victoire, peu s'en faut, puisque Senna est sorti de la piste ce jour-là au 56° tour, alors qu'il était en deuxième position derrière Michaël Schumacher qui l'avait passé lors des premiers ravitaillements. Mais il fit néanmoins notre admiration à vouloir s'accrocher jusqu'au bout avec une Williams-Renault visiblement moins compétitive que la Benetton. Une quelconque deuxième place n'aurait pas été de mise à Interlagos pour un Senna.
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