Inévitablement il fallut en arriver là. Il le fallut vraiment? Son utilité? Remuer la peine? Chercher des culpabilités? Ne devrait-on pas plutôt laisser certaines affaires entre les mains du Destin?
Quoi qi'il en soit nous reproduisons ici les différentes suites juridiques du décès accidentel d'Ayrton Senna. Pour vous tenir informé inscrivez-vous à la newsletter.
Voici ce qu'en dit Alain Prost :
"C'est un mauvais procès. Le fait de savoir si telle ou telle pièce mécanique est à l'origine de l'accident est un problème qui concerne les ingénieurs, pas les juges d'un tribunal civil. Il ne s'agit pas d'un accident de la route où il conviendrait de rechercher les responsabilités. En compétition automobile, tous les pilotes le savent et l'acceptent en participant à une course, ce risque est induit. D'ailleurs, la famille d'Ayrton Senna reste complètement en re trait dans cette affaire. Je ne comprends pas le but recherché. D'autant que la veille de la mort d'Ayrton, pour une autre raison technique, Roland Ratzenberger s'est tué sur le même circuit d'Imola. Pour lui, il ne s'est rien passé. C'est comme si on hiérarchisait la valeur de la vie."
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Le 30 avril 1994, le jeune pilote autrichien Roland Ratzenberger se tuait au volant de sa Simtek-Ford. Les conditions du rapport sur l’accident de Ratzenberger concluront à une erreur de pilotage.
Le tour précédent l’accident fatal, l’Autrichien avait endommagé son aileron avant sur un vibreur, mais au lieu de rentrer au stand aux stands pour vérification, il décide de rester en piste. C’est à l’approche de la courbe Villeneuve que la moustache avant a cédé. Lancé à 200 km/h et dépourvu d ‘appui à l’avant, toute tentative de freinage de la part de Ratzenberger était inefficace.
Le lendemain le pilote brésilien Ayrton Senna se tuait au volant de sa Williams-Renault sur le circuit d ‘Imola suite à une sortie de route dans la courbe Tamburello.
Plusieurs hypothèse sur l’origine de cet accident furent avancées mais la plus plausi-ble était celle concernant la rupture de la colonne de direction. Senna avait à maintes reprises manifestés son mécontentement sur sa position de conduite dans la voiture ; La direction fut modifiée par les ingénieurs Williams pour offrir plus de place à Senna dans le cockpit. Le diamètre de cette colonne fut réduit et une mauvaise soudure fut sans doute à l’origine de la rupture provoquant ainsi la sortie du brésilien.
La seconde hypothèse avancée était un débris sur la piste, causé par l’accident du premier départ. Une photo prise par le photographe français Paul- Henri cahier, montre la voiture de Senna 6 secondes avant l’accident. Elle a été publiée pour la première fois dans le journal anglais Sunday Time du 16 février 97. Ce débris appa-raît être un morceau de la carrosserie de la Benetton de J-J Lehto. C’est en voulant l’éviter que Senna aurait perdu le contrôle de sa voiture, les pneus n’étant pas en-core en température et pression suffisantes.
La troisième hypothèse portait sue une éventuelle perte de connaissance de Senna. Celui- ci avait en effet l’habitude de retenir sa respiration dans les virages pour mieux sentir la voiture. Les images vidéo prises de sa voiture montreraient que sa tête bascule brutalement vers la gauche avant l’accident, comme s’il perdait connaissance.
Après deux ans d ‘enquête, le procureur de Bologne Maurizio Passanini a remis son dossier au tribunal de Bologne. Ce dossier accuse six personnes d'homicide involontaire.
Ces six personnes sont :
Franck Williams Patron de l’écurie qui porte son nom;
Patrick Head Directeur Technique de Williams;
Adrian Newey Ingénieur de Williams;
Giorgo Poggi Directeur du circuit d'Imola;
Frederico Bendinelli Administrateur de la société Sagis gérant le circuit;
Roland Bruynseraede Directeur de la course.
La famille d’Ayrton Senna ne s’est pas portée partie civile. Ce procès n’a donc pour but que d’établir les responsabilités dans la mort du triple champion du monde brési-lien. Les accusés risquent six mois à cinq ans de prison.
-1997- Le procès initial.
- 1ere et 2eme audience ( 20 et 28 février 1997)
Le procès visant à juger les six personnes accusées d’homicide involontaire, en ce qui concerne le décès du pilote brésilien Ayrton Senna, à débuté à Imola. Les deux premières séances étaient uniquement l’occasion de régler les questions de procé-dures préliminaires.
Toutes les objections de la défense furent rejetées par le juge Antonio Costanzo. Les avocats de Franck Williams et de Roland bruynseraede avaient mis en cause la compétence du procureur maurizio passarini, ainsi que les expertises faites pendant son enquête.
3eme audience (5 mars 1997)
Cette troisième audience fût l’occasion pour l’accusation d’exposer leurs faits.
M. Passarini s’est tout d’abord attaqué aux membres accusés de l’écurie de Williams , déclarant que des erreurs humaines ont été constatées. Senna demanda à plusieurs reprises la modification de la colonne de direction car elle le gênait mais la soudure fut faite avec un métal de qualité inférieure et le diamètre différent (18mm au lieu de 22mm), c’est à cet endroit précis que la colonne a cédé.
Le pilote fut ensuite disculpé. Senna n’a commis aucune erreur de pilotage et n’avait pas pris de médicaments. L’hypothèse de l’évanouissement fut également contestée la télémétrie révèle que Senna était bel et bien conscient avant l’impact ayant même essayé de freiner avant de réaccélérer brutalement pour tenter de donner à la voiture un angle d’impact moins dangereux.
Le procureur s’en est pris aux dirigeants du circuit.
Senna roulait à 309km/h lorsque la colonne a cédé, sa vitesse a été ramenée à 210-220km/h lors de l’impact. Si la piste avait été totalement plane, sa capacité de freinage aurait été supérieure et la vitesse aurait pu être ramenée à 169km/h.
La défense a eu ensuite l’occasion de prendre la parole et de contester, sans sur-prise, la thèse de l’accusation sur la rupture de direction. L’avocat de F. Williams mit, lui aussi en cause et ce, pour la première fois la sécurité du circuit. Une demande de nouvelle expertise technique du circuit fut demandée. Point de vue aussitôt réfuté par G. Poggi, F. Bendinelli, et R. Bruynseraede qui affirmèrent que contrôles et enquêtes avaient faits.
La fin de l’audience permit aux deux parties de déposer leur liste de témoins cités à comparaître.
Quatrième audience (11 mars 1997)
C’est deux audiences marquèrent le début de l’audition des premiers témoins. Deux enquêteurs de la police italienne, deux médecins ayant extrait le pilote de son véhi-cule et des techniciens on été les premiers à être cités à la barre des témoins.
Le policier Stefano Stefanini, qui fut l’un des premiers à examiner la monoplace de Senna, a déclaré que la cause principale de la sortie de route fut la rupture de la co-lonne direction. Il a en outre constaté des fissures sur les suspensions arrière, celle-ci avaient été réparées par une simple application de plaque de métal et l’habitacle avait été «lime» parce que le pilote s’y trouvait à l’étroit.
Le procureur Passarini a aussitôt pris la parole en réaffirmant que l’accident est dû à des interventions artisanales sur le véhicule.
Les deux médecins ont indiqué qu’ils n’avaient aucune difficulté à extraire Senna de l’habitacle parce que, la colonne étant cassée, elle ne faisait plus obstacle.
L’avocat de F. Williams a tenté de démontrer que la sécurité du circuit était la princi-pale cause du décès de Senna en se référant à un film amateur du 9 mars 1994. On y voit Ayrton Senna se plaindre auprès du directeur du circuit G. Poggi, de l’état de l’asphalte.
Les conditions des pneus de la voiture à la reprise de la course (température et pression pas assez élevées) ont également été réfutées. Passarini appela Stefanini à donner les temps de course. Avec une piste libre devant lui, Senna avait bouclé le 6eme tour en 1’24 ‘’887, un très bon temps nota Stefanini seuls Schumacher et Hill ont fait mieux. La chute de pression des pneus n’était qu’une spéculation de la presse depuis l’accident.
Cinquième audience (12 mars 1997)
Pierluigi Martini, ancien pilote de F1, fut appelé à la barre des témoins le mercredi par le procureur. Martini déclara que « Un pilote comme Ayton Senna ne sort pas de la piste à ce point à moins d’un problème, beaucoup de choses peuvent arriver du-rant une course mais, pour ce cas particulier, je ne sais pas quel problème il y aurait pu avoir.
Il a révélé qu’un affaissement de la chaussée avait remarqué à l’ endroit critique trois semaines avant le grand prix et que si des travaux avaient été entrepris, la situation ne s’était améliorée que légèrement, les voitures touchant la piste à ce passage. La vidéo prise depuis la voiture de M. Scumacher qui suivait senna avant l’accident, montre d ‘ailleurs que la Williams tape le sol avant de partir tout droit contre le mur de béton.
Martini s’est ensuite repris en excluant que l’état de la piste puisse être à l’origine de l’accident. Il a indiqué que Senna s’était plaint auprès de lui de la nervosité de sa voiture et que son habitacle était étroit. La courbe de Tamburello ne pouvait poser problème qu’à une voiture ayant des problèmes.
Sixième audience (17 et 18 mars 1997)
L’audition des témoins a recommencé pour quelques heures lundi 17 mars avec Michèle Alboreto.
Le pilote italien a estimé que l’accident mortel A. Senna était principalement dû à une panne mécanique. Il a jugé que les pannes mécaniques étaient malheureusement normales et aucun technicien ne peut faire abstraction de la sécurité.
Alboreto a cependant défendu le circuit d ‘imola déclarant que les petits problèmes de la piste ne pouvaient absolument pas faire sortir une voiture de la route.
La septième audience faisait comparaître Charles Withing, représentant de la Fédé-ration Internationale de l’Automobile (FIA). On apprenait ainsi que les modifications apportées à la Williams de Senna n’avaient pas été approuvées par la Fédération. Accusation aussitôt réfutée par Williams qui maintenait en avoir informé la FIA. Whi-ting déclara avoir homologué la voiture de Senna en février et une fois en mars. Mais, après avoir vu des photos de modifications apportées à la voiture, il déclara à la cour « je ne me souviens pas de ça sur la voiture de Senna ».
Concernant la mort de Senna, deux médecins légistes ont indiqué que la mort encé-phalique de Senna avait été quasi-immédiate tandis que la mort cardiaque était ad-venue quatre heures après. La mort n’a pas été provoquée par le choc contre le mur de béton mais par un coup porté à la tête par un objet contondant et pénétrant, ap-puyant leur explication sur une photo montrant un élément, qui pourrait être un bras de suspension, atteindre le pilote au moment du choc.
Le casque que Senna portait lors de l’accident appuie lui aussi cette explication. Il présente une perforation de la visière au niveau de l’arcade sourcilière droite, c’est à dire l’endroit exact de la blessure fatale de Senna.
Huitième audience (2 avril 1997)
L'état de la boite noire de la monoplace de Senna fut le centre des débats lors de cette huitième séance. L’expert technique Marco Spiga, cité à comparaître par le mi-nistère public, a tenté de lire les données de la boîte. Cependant, la tentative a échoué car il manquait une carte d’accès pour transmettre les données vers l’ordinateur. Le procureur M. passarini a alors reproché à l ‘expert de la défense de l’écurie Williams , G. Stirano, d ‘avoir attendu cette séance pour signaler qu’une carte était nécessaire pour l’accès des données. Ce dernier a rétorqué que seules les pri-ses pour connecter l’enregistreur ont été demandées. Stirano a assuré que la carte serait disponible pour les prochaines séances. L’avocat de Williams a, en outre, pré-cisé la bonne foi de son client lorsque celui-ci a fourni trois prises pour bon fonction-nement de la boite.
Neuvième et dixième audience (15 et 16 avril 1997)
Le jeudi 15 avril, Maurizio Passarini appela plusieurs experts pour évoquer le bris de la colonne de direction de Senna.
Tommaso carletti ancien ingénieur en chef de chez Ferrari, déclara : «Les causes sont au nombre de trois : La qualité grossière du travail de modification de la co-lonne, la variation brusque du mouvement de la colonne et un diamètre trop petit du raccord entre les trois sections de la colonne.»
«Je pense qu’Ayrton Senna a effectué une forte correction à gauche avec son volant peu de temps avant l’accident. S’il ne l’avait pas fait, il serait sorti immédiatement de la piste. Le pilote s’est rendu compte d’un comportement anormal de la direction et, après avoir soulagé) deux reprises l’accélérateur, il a commencé à freiner» indiqua Mauro Forghieri, ancien directeur technique de Ferrari et cité à comparaître par l’accusation.
Mercredi la cour entendit deux ingénieurs Williams, Giorgio Stirano et Diego Milen, qui pensent que Senna a commencé à avoir des problèmes de direction lorsque sa voiture a heurté une bosse du circuit d ‘Imola . Cette bosse était située à quelques mètres de l’endroit où la Williams a commencé quitter la trajectoire de la courbe de Tamburello.
Plus tard, ils déclarèrent aux journalistes «qu’il n’y avait aucun blâme à reprocher au pilote et au circuit mais que le destin avait transformé un ordinaire problème en un accident fatal.»
L’avocat de F. Bendinelli déclara pour sa par que ses aspérités rencontrées sur la piste d'Imola n’étaient en rien différentes de celles que les pilotes rencontrent sur les autres circuits du championnat du monde.
Onzième audience (14 mai 1997)
Lors de cette audience M. Passirini accusa l’association des constructeurs de F.1 ( FOCA) de dissimuler l’évidence.
Il déclara hors la cour : «Je sis certain que les images vidéo fournies par la FOCA sont incomplètes. Plusieurs détails le prouvent!" Il n’exclut pas l’apport de nouvelles charges en rapport avec la cassette vidéo.
Les images prises depuis la voiture de Senna montrent en effet une coupure au mo-ment où la Williams-Renault quitte la piste 0,9 secondes avant l’impact avec le mur de Tamburello.
La version de l’accident diffusée par la télévision brésilienne TV- GLOBO, se termi-nait 12,8 secondes dans le tour fatal. Or, les informations recueillies depuis l’ordinateur de bord de Senna indiquent que le crash a eu lieu 14,2 secondes après le passage de la ligne d ‘arrivée, donc il existe une période de 1,4 secondes avant l’impact.
La cassette envoyée aux autorités italiennes se termine 0,9 secondes avant l’accident. La demi- seconde manquante reste inexpliquée.
Douzième audience (3 juin1997)
2 juin trois après le décès de son ancien équipier chez Williams, damon Hill fut cité à comparaître.
Il confirma que des modifications avaient apportées à la direction. Passarini lui de-manda quand exactement ces modifications furent adoptées mais Hill déclara ne pas savoir la date exacte.
Passarini lui demanda alors si Senna s’était plaint auprès de lui du comportement de sa voiture. Hill déclara ne pas s’en souvenir.
Plus d'une heure fut utilisée au visionnage de la vidéo de l’accident. Appelé à la commenter, Hill déclara qu’il y a vu deux moments où la voiture survire et le volant est, à chaque fois là ou il doit être pour corriger ce survirage.
Questionné à propos de la cause du survirage, les conditions de la piste ou une pression de pneus trop basse, Hill répondit «on ne peut pas dissocier les deux, selon moi la voiture semble survirer à l’endroit du circuit qui présente des marques.»
Ces déclarations rejoignent celles faites en mars dernier par la défense de Williams. Celle-ci impute la mort de Senna aux anomalies de l’asphalte de la piste d’Imola.
Mardi 3 juin une reconstitution de l’accident par Mike Gutilla directeur de la compa-gnie qui produit la programme de simulation ADAMS pour l’écurie de F.1, a été présentée à la cour.
La reconstitution fut présentée par Diego Mullen, ingénieur chez Williams. Ses explications indiquent que Senna a dû corriger la trajectoire de la voiture par deux fois, celle-ci étant affectée de survirage. La reconstitution conclut que même si Senna avait tenté de tourner, la voiture serait malgré tout sortie de la piste.
Le procureur de l’accusation, M. Passarini, a toute fois contesté la validité de cette reconstitution. Le modèle utilisé pour cette reconstitution était totalement plat tandis que la piste d’Imola présente différents types de bosses et qui influenceraient le comportement d’une voiture roulant à 300km/h.Passarini remarqua également que selon les données de la reconstitution, la pole position avait été signée par Senna le samedi alors qu’en réalité il a signé son meilleur temps le vendredi, ayant refusé de courir le samedi après l’accident mortel de Roland Ratzenberger. Ces accusations firent planer un sentiment d ‘embarras dans le clan Williams.
La défense de SAGIS a elle aussi contesté la validité des données concernant le cir-cuit, celles-ci ayant été fournies à Williams de source non officielle.
L’autre élément important de cette séance fut le film de l’accident dans sa version Betacam, un support qui offre plus de détails que le film VHS déjà examiné. Selon l’accusation, ce film betacam est très important à cause du degré de détail qu’il offre. Il pourrait prouver que la direction est bel et bien restée dans les mains de Senna lorsque celui-ci a tenté de tourner.
Ayant déjà comparu plutôt cette année Michele Alboreto fut particulièrement choquée au visionnage de ces nouvelles images. Grâce à la meilleure qualité d’images, il constata les mouvements horizontaux du volant entre les mains de Senna.
Quatorzième audience (25 juin 1997)
Le procès a continué le mercredi 25 juin, avec des témoignages portant sur la modification de la colonne de direction.
La colonne de direction originale datait du 3 février 1994. prélevée sur la FW 15, elle mesure 905 mm. Comme Senna demanda des modifications, la longueur de la co-lonne passa à 917,3 mm et deux nouveaux éléments ont été introduits. L’assemblage comprenait 9 composants chacun construit simultanément par des différents départements de Williams.
Williams disposait de trois colonnes, les modifications ont été effectuées après le 10 mars afin d’être dans les temps pour le grand prix du Brésil.
La stratégie de la défense était de montrer que les modifications de la colonne n’ont pas été effectuées de mauvaises manières et que la colonne de Senna était identi-que à celle de Damon Hill.
Quinzieme audience (3 juillet1997)
Deux ingénieurs Williams ont comparu le 3juillet. Ils maintiennent que l’accident dans lequel Ayrton Senna a trouvé la mort ne fut pas causé par une rupture de la colonne de direction.
Gary Woodward, l’un de ces ingénieurs, déclara que la colonne fut inspectée avant la course. Après chaque Grand prix les voitures sont soumises à des tests d’usure. Un liquide est utilisé pour trouver les éventuelles fractures des suspensions ou de la colonne de direction. La colonne est remplacée régulièrement durant la saison. Les tests passés après le Grand Prix du Pacifique n’ont détecté aucun défaut sur la voiture de Senna.
Selon Brian O’Rourke, spécialiste des matériaux composites, l’impact contre le mur a causé une torsion de la colonne de direction, celle-ci cassant la pression.
Seizième audience (4 juillet1997)
Le tribunal a visionné, lors de cette audience des images qui pourraient montrer que la colonne de direction s’est rompue avant l’impact dans la courbe de Tamburello.
Le procureur M. Passarini a présenté un CD-ROM réalisé avec les images filmées par la caméra de bord de la Williams, pendant les dernières secondes de courses du pilote brésilien. Ces images montrent qu’au début de la course l’axe de rotation du volant effectue, en trois secondes, un déplacement de trois centimètres vers le bas à droite, ce qui selon le magistrat, témoignerait d’une rupture de la colonne de direction avant l’impact mortel. D’autres images filmées pendant les essais du vendredi précé-dant la course, au même point du circuit, ne montrent aucun déplacement de l’axe du volant.
Dix-septième audience (9 juillet 1997)
Le mur de Tamburello a été le sujet principal de cette audience. La piste dégage-ment de la courbe Tamburello était supposée aider les pilotes en cas de manœuvres d’urgence. Le mur fut construit de la manière à absorber tout impact à un angle n’excédant pas 30 degrés. L’impact de Senna était de 22 degrés.
La courbe Tamburello ne présentait aucun échappement contrairement au règle-ment. Il n’y avait pas assez d’espace pour réduire la vitesse de la voiture.
La défense présenta plusieurs graphiques représentant les données de l’accident. Selon elle, la vitesse d’impact était de 188km/h contre 216km/h calculés par les ex-perts de l’accusation. Dans les conditions idéales, Senna aurait heurté le mur a 167km/h comparé aux 140km/h estimés par l’accusation. Dans les deux cas, la roue avant droite de la Williams se serait tout de même détachée et aurait heurté la tête de Senna au même endroit avec une force suffisante pour le tuer.
Dix-huitième audiance (16 septembre 1997)
Le procès sur la mort du pilote brésilien A. Senna a repris le 16 septembre à Imola. L’ancien pilote de F Michele Alboreto fut à nouveau cité à témoigner par le procureur M. Passarini.
Lors de la précédente audition Alboreto déclara après avoir vu la vidéo de l’accident que la cause de la sortie de piste fut une rupture mécanique. Il déclara notamment qu'«on ne peut sortir de cette courbe (Tamburello) à moins d’un ennui mécanique.»
«Senna avait déjà constaté un problème lors de la courbe précédente » déclara Alboreto «parce qu’il a soulagé l’accélérateur».
Après l’audience, il a déclaré aux journalistes qu’il était convaincu que Senna avait connu un problème technique maintenant qu’il a vu la vidéo. Il ya une cassette qui montre que le mouvement du volant est de 2 ou 3 centimètres. Aucun volant ne bouge plus d’un ou deux millimètres!…
Cette déclaration contraste avec celle de David Coulthard qui a déclaré que le mou-vement du volant était tout à fait normal. Coulthard était pilote d’essai pour Williams en 1994, son témoignage fut demandé par l’avocat de F. Williams et P. Head. Mal-heureusement Coulthard ne put se présenter à l’audience, son témoignage fut présenté par une déposition écrite.
Dix-neuvième et Vingtième audience (22 et 23 septembre 1997)
La session du lundi 22 septembre fut utilisée à l’examen de la simulation fournie par Williams et présentée à l‘audience du 16 septembre. La simulation indique le même mouvement du volant que la vidéo prise depuis de la voiture de Senna. Le témoignage par écrit de david Coulthard indique que le volant de la Mc Laren qu’il conduisait en 1996 se comportait de la même façon.
Le lendemain F. Bendinelli et Roland Bruynseraede (directeur de la course d'imola) furent questionnés. L’état de santé de G. Poggi, directeur du circuit, ne lui permit pas d’être présent.
Le procureur Passarini maintient que la cause de l’accident de Senna est dans un premier temps, la rupture de la colonne de direction. La seconde cause est l’état de la piste d ‘Imola dans la courbe Tamburello, le manque de «grip» ayant empêché Senna d'avoir un freinage parfait.
C’est le belge bruynseraede qui accorda la licence au circuit d ‘Imola en 1994. Il a déclaré qu’il avait inspecté la piste deux ou trois fois avant la course et tous les tra-vaux demandés pour la sécurité des pilotes furent effectués. La dernière inspection fut le mercredi précédant la course et rien d ‘anormal fut observé. La FIA ne reçut d ‘ailleurs aucune plainte à propos de la courbe de Tamburello.
Le témoignage de bendinelli suivit. Il déclara que tous les travaux furent effectués avec l’approbation de la FIA. Des situations critiques furent crées pour les voitures depuis l’ abolition des suspensions actives. La FIA a pris des mesures de sécurité supplémentaires, en particulier sur les endroits rapides des circuits depuis la suite d'accidents de 1994.
En 14 ans une seule proposition de modification de circuit fut reçue. Elle était d'A. Prost en 1989 . Prost demanda que le dégagement en gazon de tamburello soit ci-menté pour permettre aux pilotes d ‘avoir une meilleure surface de freinage au cas où ils viendraient à quitter la piste à cet endroit.
M. Passarini fixa une date après la fin du championnat du monde de 1997 pour per-mettre à D. Coulthard de se présenter au procès. Cela signifie que son témoignage par écrit n’a pas été jugé valable.
Vingt-et unième audience (28 octobre 1997)
D. Coulthard put enfin comparaître à une audience le 28 octobre. Le pilote écossais était le pilote d'essais de Williams au moment de la tragédie. Il déclara que le mou-vement du volant de Senna était tout à fait acceptable.
C’était normal que le volant bouge de haut en bas et de gauche à droite sur plusieurs centimètres. Comme la direction était fabriquée en fibre de carbone, elle était flexible. Alboreto avait précédemment déclaré que le jeu du volant de Senna était anormal. Il a également déclaré que durant toute sa carrière en F1 il n’avait jamais été confronté à un tel comportement sur un volant.
Vingt-deuxième audience (29 octobre 1997)
La session prévue pour le 3 octobre fut ajournée. P. Head et A. Newey qui devaient comparaître ne s’étaient pas présentés.
Le 29 octobre, les deux accusés étaient présents mais ils usèrent de leur droit de ne pas répondre aux questions, mais ils optèrent pour fournir à al cour à une date ulté-rieure, un témoignage par écrit. F. Williams fut également entendu. Il maintint qu’aucune anomalie ne fut décelée sur ses voitures. Toutes les directions furent changées des voitures après le 1er mai, de nouvelles versions furent installées afin de retirer tous les doutes qu’il pouvait y avoir. Williams a également déclaré qu’il ne pensait pas à une rupture de la direction. Il en est venu à cette conclusion après avoir observé la télémétrie et les simulations effectuées après l’accident.
M. Passarini questionna F. Williams sur les modifications apportées à la colonne de direction.
«Ayrton voulait plus de place dans son cockpit et il fut décidé de changer cela. Quand cela fut décidé, je ne m’en souviens pas. Senna avait fait trois ou quatre pa-ges de recommandations pour améliorer la voiture après chaque séance d ‘essais. Je me souviens qu’il n’était pas content à propos du manque de place et il y avait d'autres choses qu’il voulait que l’on change. Il voulait également un volant très large, c'était une de ses marques de commerce» répondit Williams.
Selon Passarini l’équipe d ‘experts de Williams aurait découvert que le métal de la direction de Senna était fatigué à plus de 40%. Williams déclara qu’il ne savait pas qu’il était responsable des modifications et qu’il n’était pas responsable de tous les éléments techniques.
Vingt-troisième audience (7 novembre1997)
Le 7 novembre fut la dernière séance pour M. Passarini d'exposer ses faits. Il résuma ainsi tous les éléments dont il disposait. Il résuma tous les événements du week end de course, l’accident terrible de Rubens Barrichello, la mort du débutant Roland Ratzenberger le lendemain et la série d'accrochages au départ de la course ainsi que le deuxième départ du Grand prix.
Passarini a également insisté sur le fait que le pilote n’avait commis aucune erreur. Deux investigations de laboratoires aboutirent aux mêmes conclusions, le métal de la colonne de direction présentait une fatigue de 40%.
Passarini souligna également qu’après le nouveau départ de la course, Senna avait bouclé son tour en 1m24.887s, signant le troisième meilleur temps. Seuls Schuma-cher et Hill avaient tourné plus vite. Ceci excluait les spéculations de F. Williams qui avait déclaré qu’une perte de pression des pneus était peut-être à l’origine de la sortie de piste.
Passarini déclara également être mécontent avec certains aspects de la défense. La boite noire installée dans la voiture de Senna avait été endommagée par l’accident et des informations vitales avaient été perdues.
En mars f. Nosco l’ingénieur qui retira les deux boites noires déclara qu’elles étaient intactes hormis quelques égratignures.
Passarini accusa également la FOCA de dissimuler des preuves. En causes la vidéo prise depuis la voiture de Senna . Selon le procureur il manque une seconde avant l’impact fatal. L’ équipe de télévision de la FOCA déclara que cette seconde était perdue suite au changement de caméra vers celle de la Ferrari de gerhard berger. Passarini a déclaré que c’était comique de croire que c’était de la «pure coïncidence» que l’équipe décida de switcher une seconde avant l’impact. Le procureur maintient que la vidéo continuait à tourner au moment de l’accident, que les images manquantes prouvent que la colonne a cédé au moment où Senna était toujours sur la piste.
Cependant M. Passarini recommanda que les charges retenues contre F. Williams , R. Bruynseraede, F. Bendinelli et G. Poggi soient retirées. Selon lui ces hommes ne sont en rien responsables de l’accident qui coûta la vie au triple champion du monde brésilien.
Bien que les standards de sécurité de la courbe Tamburello furent mis en doute, Senna n’a pas été tué par l’impact contre le mur mais par un élément de suspension qui a transpercé son casque lui causant des blessures fatales à la tête.
Par contre Passarini a maintenu les accusations contre P. Head et A. Newey, les deux hommes étant responsables des modifications apportées à la voiture de Senna.
Exposé final de la défense (11, 12, 14 et 18 novembre 1997)
11 novembre : L’ avocat Manrico Bonetti neveu du directeur de piste G. poggi, déclara qu’après une longue carrière d ‘inspecteur de piste qui débuta en 1973, Poggi avait prévu de se retirer après la course du 1 er mai. Il déclara qu’il y avait une limite à ses responsabilités. Il demanda l’acquittement complet.
12 novembre : Landi représentant SAGIS, déclara que tous les travaux du circuit on été demandés et approuvée par la FIA. Les activités sur le circuit ont toujours été sous le contrôle de la FIA.
14 novembre : Lanzi et Stortoni avocats d'A. Newey déclarent que Newey n’était pas directement impliqué avec les altérations de la co-lonne de direction de Senna. Selon eux l’accusation aurait dû prendre en compte les actions des deux techniciens responsa-bles des modifications de la direction, Young et Fisher. De plus il n’y a aucune preuve que Newey ait ordonné ce travail.
18 novembre : La dernière séance en faveur de la défense fut l’ occasion, pour les avocats de Dominioni et Gandossi de défendre leur client P. Head. Dominioni déclara que la direction de Senna était la même que celle de Damon Hill. Il s’attaqua ensuite à al reconstitution de l’incident faite par M. passarini, déclarant qu’elle ne présentait aucune preuve. La fatigue de la pièce dénoncée par Passarini aurait dû révéler un cycle de 350.000. Mais la direction inspectée après les deux premiers Grands Prix ne possédait que 27.000 cycles, un chiffre bien en dessous de la limite de sécurité. Il a également mis en doute la crédibilité de la reconstitution de l’accident en déclarant que les experts n'avaient pas tenu compte de la stabilité du véhicule.
Pénultième audience (21 novembre 1997)
Le procès arrive à son terme. Cette avant-dernière audience permit à Passarini de répondre aux arguments de la défense.
Le procureur déclara à la cour que Tamburello était un endroit très dangereux, les voitures sont exposées à un stress mécanique très important. Il a aussi désapprouvé les objections de la défense en déclarant que les experts avaient bel et bien tenu compte de la théorie d ‘instabilité qui, sur un cas sur cinquante, est la cause d ‘une sortie de piste d’une voiture.
Selon lui tous les aspects du circuit ont été examinés. Tout le monde savait que le fond plat d’une monoplace était sujet à des violents contacts avec le sol.
Il termina en déclarant que la casse de la colonne de direction était la cause princi-pale. Sans cela, la voiture n’aurait jamais quitté la piste. Du fait de la place impor-tante de Newey et Head chez Williams ils ne peuvent pas ne pas être tenus responsables du contrôle de qualité.
Le Verdict (16 décembre 1997)
Le juge A. Costanzo a rendu le 16 décembre son verdict sur le procès Senna. Les six accusés d’homicide involontaire ont tous été acquittés. Aucun des accusés n’était présent pour entendre le verdict.
Cette annonce signifie que le juge a ignoré les recommandations du procureur Pas-sarini qui réclamait une année de suspension pour Patrick Head et Adrian Newey.
Giovanni Carcaterra représentant de la famille Senna a déclaré que «la famille voulait seulement connaître les causes de l’accident, elle n’ était pas intéressée par d'éventuelles sanctions»
Passarini a déclaré être curieux de savoir si le juge avait conclu à une rupture de la direction mais sans aucune responsabilité pour les accusés, ou s’il a jugé que la colonne n’a pas cédé. Il a déclaré qu’il serait particulièrement déçu si la deuxième hy-pothèse était retenue.
Le procès sur la mort d’Ayrton Senna avait débuté le 20 février 1997. Dix mois après les six accusés étaient acquittés. Le procès a soulevé bien des questions mais il n'a répondu qu’a très peu.
-2003- Mort de Senna : le procès est à refaire.
Le procès d'appel dans l'affaire de la mort d'Ayrton Senna est à refaire, ainsi en a décidé la Cour de Cassation sur demande du substitut du Procureur Général de Bologne. La justice italienne avait initialement retenu l'hypothèse que Frank Williams, Patrick Head et Adrian Newey n'avaient pas commis les faits, en soutenant que la cause de la mort de Senna avait été la rupture de la colonne de direction de sa voiture. Une rupture causée probablement par un défaut de conception et de construction mais la Cour d'Appel avait conclu sur le fait qu'il était impossible de définir les vraies responsabilités.
La Cour d'Appel avait innocenté, pour manque de preuves, les trois prévenus, inculpés d'homicide par imprudence suite au tragique accident ayant coûté la vie à Ayrton Senna le 1er mai 1994 sur le circuit d'Imola.
-2004- Le procès de la mort d'Ayrton Senna devrait être rejugé.
Utile, ce nouveau procès?
Plus d'un an après la décision de la Cour de Cassation italienne de rejuger le procès sur la mort d' Ayrton Senna en 1994 lors du Grand Prix de San Marin, les attendus de l'arrêt ont été publiés. La plus haute juridiction italienne estime que des "erreurs matérielles" entachaient l'acquittement rendu en appel en 1999.
Le triple champion du monde s'est tué au volant d'une Williams lors du GP de San Marin, le 1er mai 1994. Acquittés en première instance, Frank Williams, qui dirige l'écurie à son nom, Patrick Head, directeur technique de l'équipe, et Adrian Newey, ancien concepteur des monoplaces anglaises, devront de nouveau comparaître devant la justice italienne. Dans un premier temps, la justice avait retenu l'hypothèse que Williams, Head et Newey n'avaient pas commis les faits, en soutenant que la cause de la mort de Senna avait été la rupture de la colonne de direction de sa voiture. La Cour d'Appel avait conclu sur le fait qu'il était impossible de définir les vraies responsabilités.