Ron Dennis
"Senna a vraiment voulu arrêter la F1 fin 1989 après sa disqualification de Suzuka suite à l'accrochage avec Alain Prost. C'était, selon lui, une injustice. J'ai vraiment eu du mal alors à le convaincre de ne pas mettre un terme à sa carrière. Je pense d'ailleurs que Ayrton n'aurait jamais arrêté la F1 par lassitude s'il n'y avait pas eu ce terrible 1er mai. Seule une déception, une injustice, aurait pu le décider à prendre sa retraite. Une fois la F1 arrêtée, Ayrton ne serait jamais revenu sur un circuit. Il serait resté au Brésil, chez lui, et se serait rapproché des gouvernants de son pays pour tenter de faire quelque chose pour les déshérités, faire avancer les choses au Brésil".

Patrick Faure (président de Renault Sport) "Il y a encore beaucoup de photos d'Ayrton dans les bureaux de Renault. Il est encore extrêmement présent dans l'imaginaire de la société. Il va y avoir des pages spéciales dans nos journaux d'entreprise. Globalement, on s'associe à un certain nombre de manifestations pour se souvenir. Mais je crois qu'il ne faut pas être trop dans la célébration de l'anniversaire de sa mort. Il faut plutôt se souvenir de ce qu'il a fait. C'est quand même un pilote extraordinaire, le plus talentueux de sa génération. Le regret de ma vie, c'est de ne pas avoir vu le duel Senna-Schumacher auquel on était en droit de s'attendre pendant sept ou huit ans après avoir eu le duel Senna-Prost qui a quand même galvanisé les foules pendant des années. On n'a pas eu la chance de voir l'affrontement de Ayrton et Michael, je veux penser à cela plutôt que revenir sur le sinistre accident d'Imola".

Dick Bennetts "Il n'est pas rare de rencontrer des garçons capables d'aller vite au volant d'une monoplace, surtout après des années d'expèriences en kart puis en Formule Ford, mais tous ne sont pas capables d'avoir un tel feed-back technique, un retour d'informations si précis qu'il fait réellement progresser la mise au point de la machine."

"Il se dégageait de lui une force communicative. Celle de son incroyable implication pour son sport. Il était prêt à beaucoup de sacrifices pour réussir. Il était aussi dur avec lui qu'il pouvait l'être avec les autres. Il demandait beaucoup à ceux qui travaillaient avec lui, mais leur rendait tellement..."

Viviane Senna
Dans Match du Monde : Génération Senna - 17/02/05.

Dix ans après la mort du champion, le mythe est plus vivant que jamais. Sa soeur anime la fondation qui porte son nom et son neveu reprend le flambeau de la compétition.
Elle viviane, la soeur c'est sa générosité qu'elle incarne. Lui Bruno le neveu sa détermination. Avec eux Ayrton Senna roule toujours pour le Brésil.
Quand le 1er mai 1994 le destin du triple champion du monde s'est brisé sur le circuit d Imola, tout le pays a pris le deuil. L'homme qui avait apporté tant de fierté aux Brésiliens ne les a pas quittés. Il a gardé sa place dans leur coeur. Sa famille entretien la flamme. Comme le souhaitait le grand coureur, qui avait lancé, peu de temps avant sa mort Senninha un héros de B.D. pour junior cristallisant ses valeurs de volonté et de courage, une O.N.G. fondée par Viviane vient en aide aux enfants en luttant contre l' échec scolaire. Au nom du frère.
A 20 ans Bruno vient de se lancer sur les circuits. Ayrton l'avait initié au kart, mais après l'accident, il avait tout arrêté. Sa mère a décidé de l'aider à s'accomplir. Au nom du destin(...).

Match du Monde :
Dix ans près sa mort, pourquoi A. Senna reste-t-il aussi étonnamment présent dans le coeur des brésiliens?

Viviane Senna :
C'est un mystère. Nous continuons de recevoir des lettres et des courriels du monde entier. Après toutes ces années, il serait normal que son image s'efface quelque peu. Mais c'est l'inverse. En fait les gens admirent chez Ayrton non pas le triple champion du monde, mais l'homme qu'il était. Ayrton a montré que nous pouvions gagner pour les bonnes raisons et avec des valeurs positives. A un moment où tout allait très mal, où le gouvernement était corrompu où l'économie était désastreuse, où la Seleçao venait d'être éliminée de la Coupe du monde, Ayrton à gagné ce grand prix aux Etats-Unis face à Prost. Il a pris le drapeau brésilien d'un enfant qui se trouvait sur le bord de la piste et il a fait un tour d'honneur en le brandissant. Aucun pilote avant lui n'avait accompli un tel geste symbolique. L'impact fut énorme au brésil.

MdM :
Ces écoliers brésiliens n'étaient pas même pas nés quand Ayrton Senna est mort. Que savent-ils de lui?

V.S :
Pour eux, c'est l'inspiration du mythe à travers Senninha, le petit personnage de bande déssinée. Comment donner envie à un enfant de faire l'effort nécessaire pour résoudre un problème.(...) "Pour motiver un écolier, je lui ai raconté comment Ayrton était devenu le "Champion de la pluie". En roulant sous les averses jusqu'à dominer sa peur".

MdM :
Comment avez-vous réagi quand Bruno votre fils vous a annoncé qu'il voulait se lancer dans la course automobile?

V.S :
C'est très difficile pour moi. Avec raison, j'ai peur. Le risque est réel et il est présent. Mais en même temps, je répète à longueur d'année qu'on ne peut pas empêcher la nature d'un être humain de se développer. Si je donne à un million d'enfants l'occasion de s'épanouir, pourquoi devrais-je me comporter différemment avec mon propre fils. Si la course correspond à la vraie nature de Bruno je l'aiderai.

MdM :
A t-il le feu sacré pour la course?

V.S :
Entre 5 et 10 ans il conduisait chez nous, sur le petit circuit de Karting qu'Ayrton avait construit. Son grand père l'accompagnait très souvent. Après l'accident il a tout arrêté net. Il n'en a plus jamais parlé. Mais il y a deux ans, il a eu sa 1ere voiture et il est venu me trouver : « Maman mon rêve c'est de piloter!» m'a-t-il lancé. J'étais abasourdie. Il avait gardé ça en lui si longtemps par respect pour la famille. Il savait que nous n'aurions pas supportée l'idée. D'abord j'ai refusé et je me suis dit qu'il s'agissait d'une lubie passagère.

MdM :
Mais le problème n'a pas disparu?

VS :
Non j'ai alors décidé de l'aider à accomplir sa passion. Après une série d'essais sur Karting (...) Bruno est parti en stage dans l'écurie B.m.w. de Gerhard Berger en Grande Bretagne. Il a effectué une douzaine d'essais et trois courses. Gerhard a constaté qu'il avait un vrai talent et lui a alors conseillé de continuer. Là il revient de Macao où il s'est classé deuxième sur Formule Renault. C'est sa quatrième course de sa vie et il se classe déjà second! Quand il met son casque c'est étrange, à travers sa visière, je crois voir le regard d'Ayrton.

Milton Senna
"Regardes devant et fonces. Ne te retourne pas, mon fils."